La Pâque orthodoxe serbe sous les bombes (1999)

La Pâque orthodoxe a coïncidé avec le 18e jour de guerre dans le ciel de la Fédération Yougoslave. Comme tous les ans, les fidèles ont organisé hier des processions, avant la messe de minuit. Aujourd’hui, dimanche, ils ont échangé la salutation de la tradition orthodoxe ’Hristos voskrese’ (le Christ est ressuscité), à laquelle on répond : ’Vaistinu’ (il est vraiment ressuscité).

Tout le monde prononce cette salutation, même les athées.
Les églises de la capitale yougoslave se sont remplies pour les fêtes de Pâques. Radomir Popovic, prêtre orthodoxe et directeur de la Faculté de Théologie de Belgrade explique ainsi cette ferveur : « Par peur des attaques aériennes, certains ont préféré rester chez eux ou descendre dans les refuges. Mais le nombre élevé de participants aux célébrations de Pâques est dû au fait que les gens ont peur de perdre leur identité, plus encore que de perdre la vie : notre identité en tant que peuple court le risque de périr sous les bombes ».

A l’occasion de la fête de Pâques, un choeur a entonné des chants religieux sur la place où, tous les jours, depuis le début de la guerre, un concert a lieu. Il s’est placé sous l’icône d’un ange couronné par une cible, cible que tous les habitants de Belgrade portent sur eux, pour montrer qu’ils s’offrent comme boucliers humains. Réaction spontanée et propagande de régime, sentiment religieux et orgueil nationaliste, tout se mélange dans la Yougoslavie de Milosevic.

Le Vendredi Saint (qui s’appelle le Grand Vendredi), la télévision d’État a transmis l’homélie d’un prêtre orthodoxe qui a déclaré que : « Le peuple serbe est aujourd’hui crucifié comme le Christ ».

Sur l’autel central de la cathédrale du patriarcat de Moscou, où le Patriarche Pavle a célébré la messe de minuit, des cierges rouges, bleus et blancs -les couleurs du drapeau yougoslave – brûlent en permanence.

Dans son message de Pâques, le patriarche serbe a lancé une invitation au courage et à l’espérance, mais il a aussi condamné les attaques aériennes de l’OTAN. Le Patriarche a en même temps appelé les serbes à rester fidèles aux racines culturelles et religieuses serbes qui se trouvent au Kosovo.

« Croire, signifie répondre avec optimisme même aux coups impitoyables que nous inflige le ’Nouvel Ordre Mondial’ qui n’a de nouveau que son nom, et qui ne fait en réalité que manifester une inhumanité très ancienne », a déclaré le patriarche.

Beaucoup des démocrates qui participèrent il y a trois ans aux manifestations contre le régime de Milosevic déclarent aujourd’hui regretter le soutien qu’ils ont alors donné à l’Occident. Zoran, l’un d’entre eux, estime que « seuls les criminels stupides peuvent croire que le problème d’une minorité dans un pays peut se résoudre en éliminant la majorité ».

Les cercles de l’Église orthodoxe et des démocrates, qui s’étaient séparés, et qui s’étaient même opposés à Milosevic, font maintenant marche arrière, sous le poids des bombes. « Hristos voskrese » réplique Zoran avant de s’en aller.

source : russie.net

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