Sébastien, Alexia et Emmeline avaient été arrêtés en Serbie il y a un peu plus de deux ans et y sont toujours emprisonnés. Ils ont été jugés pour avoir tenté d’enlever une fillette de deux ans. Ils espèrent un procès en appel et nient toujours être impliqués dans un trafic international d’enfant.
Depuis plus de deux ans, trois Gardois sont détenus dans des conditions difficiles, dans deux prisons de Belgrade, en Serbie. Et sans perspective de retrouver rapidement la liberté. Car Sébastien Branchu, 52 ans, son épouse Alexia, 50 ans, et sa belle-fille Emmeline, 27 ans, qui vivaient auparavant à Vers-Pont-du-Gard, ont été lourdement condamnés en octobre dernier, pour un rocambolesque enlèvement d’enfant. Dix ans ferme, assortis de dix ans d’interdiction du territoire serbe pour Sébastien, neuf ans pour Alexia, sept ans pour Emmeline pour ce rapt qui garde aujourd’hui encore sa part d’ombre.
La cible ? Une petite fille blonde de 2 ans, qui aurait été arrachée à sa mère le 13 mars 2015 sur un trottoir de Belgrade, avant d’être jetée dans la BMW familiale des Gardois. Une fillette qui ressemble trait pour trait à celle d’Emmeline, une jeune femme alors en conflit aigu avec le père de son enfant, à qui elle refusait tout droit de visite. Après avoir obtenu du juge aux affaires familiales qu’un test ADN de paternité soit effectué, l’idée d’une substitution d’enfant est née dans la famille.
Aucune preuve d’un accord avec la famille
« Sébastien Branchu a expliqué pendant le procès que ce n’était pas un enlèvement, mais qu’il y avait un accord avec la famille serbe », explique à Toulouse Michel Oeuillet, le père d’Emmeline, qui, depuis deux ans, tente de lui venir en aide. Une thèse que n’a pas voulu entendre la justice serbe, qui a lourdement condamné le trio. « Cette thèse sur un accord préalable avec les parents de la fillette serbe n’a pas été prouvée », est-il précisé dans le jugement. « Les téléphones et ordinateurs des accusés ont été analysés et aucune trace de contact avec les parents de la fillette serbe a été découverte », a alors déclaré le juge Dragan Milosevic.
Seul bémol : « Ils ont abandonné la thèse du réseau, puisqu’ils sont tous les trois de la même famille », précise Michel Oeuillet. Pour l’instant, la date d’un éventuel procès en appel, dont l’issue est incertaine, n’a toujours pas été fixée : ils encourent au maximum quinze ans de prison. Michel Oeuillet s’est rendu deux fois en Serbie, notamment lors du procès. Et il ne cache pas son inquiétude pour l’état de santé de son ex-épouse. « Elle vit très mal la situation, a perdu plus de 30 kg et est dans un état de santé très précaire. »
Tentatives de suicide
Les conditions de détention, à trois dans une même cellule, sont difficiles, et la barrière de la langue n’arrange rien. « Elle a fait plusieurs tentatives de suicide, on lui a rasé les cheveux parce que soi-disant elle avait des poux. Elle est désespérée », insiste Michel Oeuillet. Sa fille, elle, semble aujourd’hui supporter mieux la situation. « Au plan de la santé, elle s’en sort nettement mieux, et elle essaie de faire de la gymnastique et de courir pendant les heures de promenade, pour se maintenir en forme. » Mais pour Michel Oeuillet, il reste encore bien des points à améliorer.
« La mère et la fille ne peuvent toujours pas se voir, depuis deux ans, malgré leurs problèmes de santé et leurs difficultés psychologiques. On m’a interdit toute visite pendant sept mois. Et j’ai dû faire intervenir l’ambassade pour que je puisse recevoir leurs lettres sans devoir attendre plusieurs mois. » Des courriers dans lesquelles les deux femmes avouent qu’elles ont désormais du mal à envisager l’avenir : leur retour dans le Gard semble pour l’instant un rêve inaccessible.
source : midilibre.fr