Un Albanais qui avait provoqué une crise diplomatique avec la Serbie pour avoir fait voler un drapeau de la „Grande Albanie“ au-dessus de Belgrade, entend lutter contre une extradition en Serbie, a indiqué son avocat mercredi.
En juin, Ismaïl Morina, 35 ans, avait été arrêté à Dubrovnik, ville du sud-est de la Croatie où il séjournait.
En octobre 2014, il avait piloté un drone qui avait survolé le stade de Belgrade où se tenait la rencontre Serbie-Albanie, match de qualification pour l’Euro-2016.
Pas plus les spectateurs du stade que ceux installés devant leur télévision, n’avaient manqué l’image du drapeau frappé de la carte de la „Grande Albanie“, un projet que n’évoque aucun responsable de premier plan mais caressé par les nationalistes albanais.
Il vise à regrouper en un seul Etat les territoires où sont dispersés les Albanais des Balkans, notamment le Kosovo, que Belgrade considère toujours comme sien, ainsi que la région de Presevo, secteur majoritairement albanophone du sud de la Serbie. L’incident avait provoqué l’arrêt du match après un envahissement du terrain par des supporteurs serbes voulant s’en prendre aux joueurs albanais.
Il avait été suivi d’une déterioration des relations déjà tendues entre Tirana et Belgrade.
La justice serbe réclamait depuis le pilote du drone accusé d’avoir „provoqué la haine raciale, nationale et religieuse“. Un délit passible de six mois à cinq ans de prison.
En juin, les Croates ont donc arrêté Ismail Morina. Celui-ci a demandé l’asile politique en Croatie un mois après son arrestation, a indiqué mercredi à l’AFP son avocat Darko Butigan.
Mais mardi, la Cour suprême de Croatie a rejeté un recours de Morina qui estime qu’il ne peut prétendre à un procès équitable en Serbie. La décision d’extradition revient désormais au ministre croate de la Justice, qui pourrait prendre plusieurs mois pour trancher.
Les relations entre Serbes et Albanais sont depuis toujours une des questions les plus sensibles des Balkans.
Ex-province serbe peuplée en majorité d’Albanais, le Kosovo a proclamé son indépendance en février 2008, désormais reconnue par plus de 110 pays, mais pas par Belgrade.
Le sujet est explosif en Serbie dont aucun responsable important n’a jamais envisagé publiquement une reconnaissance de cette indépendance.
source : lorientlejour.com